lundi 29 juin 2009

Le reflet du monde: bilan de mon voyage

« Bonjour et bienvenue à bord du vol TD 159 d'air Transat. La durée du voyage sera d'aujourd'hui 6h55. » L'avion vient à peine de décoller, nous nous dirigeons vers le Canada. L'heure du retour à finalement sonné.

C'est dans des moments comme celui-ci qu'on a envie de s'écrier : comme le temps passe vite ! Comme ces 26 jours se sont rapidement écoulés ! C'est également dans des moments comme celui-ci qu'on est poussé vers une certaine introspection qui nous révèle la richesse de ce que nous avons vécu. En y pensant bien, et en les abordant sous des angles différents, chaque pays, chaque ville, chaque endroit a eu son lot d'informations et de révélations.

Quand je revois l'image de la Belgique, je retrouve les différentes étapes de notre excursion dans son univers littéraire. À travers les différentes villes que nous y avons visitées, à travers les différents musées, bâtiments, lieux et personnes que nous avons rencontrés, il y avait toujours -ou presque- le monde des lettres comme trame de fond. Les maisons d'éditions et surtout les auteurs que nous avons rencontrés, en nous parlant de leur métier d'écrivain nous ont dévoilé une partie de leur passion. Des images, des histoires me sont venues à l'esprit; l'envie d'écrire m'a pris ! Nous avons croisé maintes librairies, des grandes et des petites, qui proposaient des livres neufs ou usagés. Ici ou ailleurs, j'ai compris qu'on se sent bien parmi des étagères remplies de bouquins; ici ou ailleurs, c'est toujours pareil. Dans ma valise se sont alors entassés des romans divers; j'ai eu l'envie de lire et de découvrir ! En visitant le Parlement de la communauté française de Wallonie, nous avons entre autres pris conscience de la dualité et des enjeux linguistiques de la Belgique. Un désir est monté en moi, j'ai eu envie de protéger la langue française chez moi aussi. Au cours de mon passage sur le sol belge, c'est tout mon univers littéraire à moi qui a été éveillé, nourri et motivé.

Si je me plonge dans mes souvenirs sur l'Allemagne, c'est le mot « histoire » qui me vient immédiatement à l'esprit. Notre séjour à Berlin m'a ouvert les yeux sur la souffrance du monde. L'épisode du mur de Berlin et celui de l'Holocauste étaient certes pour moi des périodes sombres pour l'humanité, mais en même temps il s’agissait dans mon esprit de périodes lointaines et révolues. En ayant les deux pieds en ce lieu historique, j'ai été persuadée du contraire. J'ai compris que l'homme est un être beaucoup trop fragile pour pouvoir se remettre totalement, même 20 ans, même 65 ans plus tard, des blessures qu'on lui a infligées. Les musées, les expositions, les différents mémoriaux sont là pour nous le rappeler. C'est tout un peuple, qu'il soit juif, soviétique ou allemand, qui porte les cicatrices du temps, d'une déportation, d'un exil, d'un emprisonnement, de l'oppression, de la violence, de la haine. J'ai davantage compris la beauté, la force, mais aussi la précarité et la fragilité de la liberté. J'ai saisi que oui, la liberté est un cadeau ! Moi qui n'ai jamais eu à me battre pour elle, j'ai pressenti ce que ces hommes et ces femmes ont enduré lorsqu’ils en ont été privée; j'ai pressenti pourquoi plusieurs de ces hommes et de ces femmes ont risqué leur vie pour elle. C'est un tout nouvel intérêt, une nouvelle sensibilité aux événements et au monde qui se sont éveillés en moi.

Après Berlin, Amsterdam fut un lieu beaucoup plus léger. Que les voyageurs y soient par curiosité ou dans le but de faire la fête, cette ville ne laisse personne indifférent. Il me semble que c'est ici que j'ai découvert, plus qu'ailleurs, ce qu'est l'essence du voyage. Celle-ci consiste d'abord dans le fait d'accepter le dérangement. À travers notre terrifiante aventure de la chambre puante ( lire le texte précédemment publié, « Une arrivée remarquée »), j'ai compris qu'il faut parfois mettre de côté notre « petit confort » et être prêt à quelques sacrifices. De plus, Amsterdam, il faut le dire, est une ville magnifique. Ses canaux, ses ponts, ses maisons apportent leur degré de dépaysement; son Red light, ses familles à vélo, et son degré d'originalité. Voyager, c'est donc aussi se laisser surprendre, dérouter et conquérir par la nouveauté, la beauté, la différence des lieux et de l'atmosphère. Cette ville des Pays-bas est un endroit où convergent des gens du monde entier : des Américains, des Québécois, des Français, des Asiatiques, tous s'y retrouvent. Les couleurs et les langues s'y mêlent et s'y entremêlent. Voyager, c'est finalement être capable de s'ouvrir à l'autre, car arriver dans un pays étranger au sein d'un peuple étranger entraîne une certaine déstabilisation. On se retrouve tout à coup sans repères et isolé. Pour sortir de cette solitude, il faut oser aller vers l'autre et briser la coquille de la différence. C'est grandir et ouvrir ses horizons. J'ai toujours trouvé que les grands voyageurs étaient souvent les plus sages, les plus connaisseurs car, forcés de confronter l'inconnu, ils ont déverrouillé les portes de leur esprit.

Maintenant, à la fin de ce long périple, après avoir conclu le tout par une petite excursion, un voyage hors du contexte scolaire en terre parisienne, je suis heureuse de rentrer chez moi. L'image qui me vient alors est celle de Christo et de son épouse, cet artiste dont le travail et la démarche consistent à recouvrir d’immenses bandes de tissus certains édifices bien connus afin de mieux nous les faire redécouvrir. Ce voyage a le même effet sur moi. Au cours des dernières semaines, mon esprit s'est empli et recouvert de milliers de photos représentant des lieux nouveaux, des gens nouveaux, des symboles nouveaux. En atterrissant, j'ai l'impression que, devant mes yeux, un voile tombera : le voile de l'habitude et de l'indifférence. Montréal sera toujours la même, mais combien différente. Une redécouverte de sa beauté, de sa couleur, de son odeur m'attend, je le sens. Et voilà qu'au loin, j'entends déjà le charme d'un accent si familier qui m'a pourtant manqué. Je suis heureuse de rentrer chez moi !

MARILYNE

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