lundi 29 juin 2009

Le coeur au bout du monde: bilan du voyage

J’ai vu l’Europe. Cela me semble n’avoir été qu’un rêve tellement ma vie m’a rattrapée rapidement à mon retour. La tête pleine de souvenirs et de projets (puisque, bien sûr, j’y retournerai) j’entreprends mon déménagement comme si l’événement n’avait jamais eu lieu. J’en parle un peu, quelques fois, et certaines personnes arrivent à me tirer quelques réponses. Pourtant je sens que ce que je raconte manque de sens: mon voyage ne se dit pas, il se vit. Heureusement que la plupart des gens se contentent d’un simple ça s’est très bien passé, c’était vraiment génial.

J’ai quitté le monde que je connaissais pour un peu plus de deux semaines le quatre juin. J’ai pris l’avion pour la première fois, et je n’ai pas apprécié cette expérience. Le souvenir que j’en ai gardé, c’est simplement que le trajet était vraiment long et pénible. Je n’ai pas dormi, j’avais des fourmis dans les jambes, et j’ai même pensé dans quoi est-ce que je me suis embarquée? J’avais à l’âme une pointe de nostalgie pour mon lit, laissé loin derrière. Je me suis vite ressaisie en rencontrant Bruxelles à l’atterrissage.

Je me plais à comparer ma découverte de Bruxelles, ou plutôt de la Belgique à travers les visages de Bruxelles, Bruges et Lièges, à une rencontre. J’ai senti que j’entrais en contact avec une civilisation entière, avec une culture qui m’était étrangère, et j’en suis tombée amoureuse. Coup de foudre d’un bout du monde à un autre. Encore aujourd’hui, il me semble que ses rues pavées et sa vieille architecture européenne m’appellent; je n’oublierai jamais l’esprit de respect et de gentillesse qui y règnent, le café savoureux commandé à n’importe quelle heure, la multitude de petites boutiques qui ne gagnent qu’à être visitées et des tas d’autres détails qui font que je me suis sentie la bienvenue, et mieux encore: je me suis sentie chez moi.

À peine une semaine s’était effilochée dans ma ville nouvellement adoptée que je devais en repartir. De nouveaux horizons s’offraient à moi. Cap sur l’Allemagne, comme prévu. À bord du petit avion chambranlant qui nous y menait, je regrettais quelque peu mon menu Quick (chaîne de restauration rapide version européenne) et ma bière, consommés sur le pouce à l’aéroport. Mais le trajet s’est déroulé sans encombres et je suis enfin arrivée à bon port. À Berlin, j’ai eu un choc: je retrouvais Montréal à l’autre bout du monde. Encore une ville grise où les gens ne se regardent pas. Un peu déçue devant ma première impression dans cette ville qui m’accueillait pour quelques jours, je me suis ressaisie pour me laisser impressionner par ce que Berlin offre de mieux: l’Histoire.

La Première Guerre mondiale et sa triste sœur, la « Seconde »; l’Holocauste; Le communisme et la chute du mur : autant d’événements importants qui ont ponctué l’Histoire et qui ont chamboulé la vie en Allemagne et marqué Berlin de profondes cicatrices, et que j’ai pu découvrir au fil de mon périple dans cette ville blessée.

À peine le temps de me remettre de mes émotions et surtout de mes découvertes que le train nous menait aux Pays-Bas, dans la capitale du vice: Amsterdam. Drôle de destination scolaire, je me disais. La vérité, c’est que je ne me suis pas sentie dans un contexte scolaire. J’ai découvert Amsterdam comme je l’aurais fait avec des amis. J’ai connu un appartement miteux, malodorant. Heureusement qu’on a pu en avoir un autre. J’ai bu quelques bières avec ceux, même les profs, qui étaient désormais devenus mes amis; j’ai visité le fameux Red Light, j’ai fait les boutiques, j’ai visité le Musée du sexe. Je n’avais pas arrêté d’en rire encore que Bruxelles me rappelait. Une dernière soirée et s’en était terminé.

Dans l’avion qui me ramenait à Montréal durant quelques sept heures et demi, je me suis repassé en cascade le voyage en entier, et ça m’a arraché un sourire: je suis partie pour l’Europe avec l’école, et j’en suis revenue avec des amis. Je n’avais jamais voyagé, et maintenant je pense à mon prochain départ dès que j’aurai l’argent, comme on dit, mais je me suis promis à moi-même de repartir, et de ne pas attendre dix-neuf autres années avant de le faire. J’ai beaucoup appris sur le monde et sur moi-même en seulement quelques semaines, et j’en ressors grandie. On pourra en rire et me reprocher le cliché, mais c’est vrai que les voyages forment la jeunesse…et qu’ils la préservent.

AUDREY

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