dimanche 14 juin 2009

Berlin en marge

Le ciel est bleu pour l'une des premières fois du voyage. On peut même dire qu'il fait presque chaud. Que diriez-vous d'une ballade dans le Prenzlauer berg ? D'après Jocelyn et selon les indications de notre guide voyage, il s'agit d'un petit quartier au nord de Mitte. On raconte qu'au moment où les Soviétiques possédaient encore la partie est de Berlin, cet endroit était le refuge des marginaux. La jeunesse non conformiste, les squatters et les artistes en avaient fait un lieu de contestation contre le régime communiste.

Après l'unification de la ville, le Prenzlauer berg a conservé son idéologie bohème et la classe prolétaire s'y est installée. Étrangement, on se laisse charmer par les immeubles à l'apparence décrépie et insalubre de ce quartier, on se laisse charmer surtout par sa tranquillité et son authenticité.

Intéressant. Allons-y !

Nous descendons à la station du métro aérien qui mène aux portes du fameux arrondissement. Nous tentons de nous repérer sur une carte. Nous avançons, reculons, revenons sur nos pas. Ah! Les rues allemandes ! Finalement, nous trouvons ! Tout en arpentant quelques rues, plusieurs s'exclament : « Ça me fait penser à telle place ! », « J'ai déjà vu cela ailleurs ! ». Les bâtiments sont magnifiques. Les façades semblent neuves. Tout est propre. Il ne semble y avoir aucune trace de pauvreté. Quelque chose cloche. Où sont les habitations délabrées dont on nous a parlées ?

Soudain, nous comprenons. On a sacrifié le bien-être et le quartier heureux et paisible d'ouvriers au nom de l'esthétisme. Certes, sur le plan visuel cet espace est devenu particulièrement joli, mais sur le plan humain, quand on y pense, c'est révoltant. Le cachet convivial s'est estompé sous une vague de conformiste. Oui, c'est décevant !

Nous rebroussons chemin. Sur la route du retour, à l'ombre, derrière quelques arbres, nous découvrons un bar à tapas qui s'érige ici comme un vestige d'une autre époque. Des graffitis ornent les murs des bâtisses tout autour. Nous nous assoyons sur la terrasse. Près de nous, toujours dans l'enceinte du restaurant, se trouve un terrain de jeux pour les enfants. Leurs parents ne sont pas très loin. Assis tout autour de nous, ils dégustent une bière ou quelques tapas tout en gardant un oeil sur eux.

Un atmosphère agréable s'ouvre et se découvre. Le temps semble s'arrêter ou, du moins, ralentir. Un petit oiseau vole des miches de pains sur la table voisine. Une fillette aide son petit frère à grimper sur un pont de bois. À l'intérieur, des gens rient. Peut-être goûtons-nous ici un peu à cette vie authentique qui s'est écartée de Prenzlauer berg. Prenant une gorgée de ma Berliner Bürgerbräu, je me tais, ferme les yeux et me laisse emporter par la mélodie de cet instant.

Lorsque nous quittons cet oasis, la nuit est déjà tombée. Le quartier tout autour semble s'être transformé et avoir pris une autre couleur. C'est la vie nocturne de Berlin. Les bars branchés ouvrent leurs portes. Il y a du monde partout. On se croirait presque dans les rues de Montréal, à l'exception près que les gens consomment leurs boissons un peu partout dans les rues et même dans les métros.

Quelque chose d'enivrant, qui n'a rien à voir avec l'alcool, m'envahit. Je suis pleine de cette vie qui anime Berlin.

1 commentaire:

  1. Hihi... Attention aux marches ;)

    Sérieusement, tu disais vous reconnaître dans ce lieu, vous remémorer d'autres endroits déjà visités... Je me rappèle à mon voyage en France et celui de Cuba... Je me disais le même truc à quelques reprises... Pourtant, c'est justement en fouillant, en creusant et en s'intéressant de plus près à ce qui vous entoure que vous découvrez «Le vrai Berlin». Vous ne faites pas que voyager en Europe: vous l'habitez.
    Vous n'êtes pas que des touristes, vous êtes des visiteurs qui remarquez tout... Comme la tante qui dit «Mais où avez-vous mis le vase bleu qui était là l'autre fois?» ;)

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