mardi 16 juin 2009

Le mur de la résistance




Je me souviens encore que j'étais toute petite lorsqu'on avait annoncé la chute du mur de Berlin en 1989. Je me souviens que quelques années plus tard, mon enseignante nous expliquait que nos manuels scolaires n'étaient plus à jour puisque l'U.R.S.S. n'existait plus. Je me souviens que, sans comprendre l'ampleur de la situation, je pressentais que quelque chose de dramatique s'était tramé là-bas en Allemagne, ce lieu dont je ne connaissais que le nom.

Vingt ans plus tard, tous les morceaux de ce que j'avais vu et entendu à ce sujet se placèrent comme les parties d'un puzzle; j'étais à Berlin, au beau milieu de l'histoire.

Il existe encore aujourd'hui, pour nourrir la mémoire universelle ou simplement pour satisfaire la curiosité touristique, des bouts de ce fameux murs, encore debout et dressé solennellement. On peine à croire et à s'imaginer ce que fut la vie à cette époque. À peine sortie des ravages de la Seconde Guerre mondiale, Berlin se trouve séparé en deux : la partie ouest, qui appartient aux alliés, et la partie est, qui revient aux Soviétiques.

« Vous sortez du secteur américain ! » Écrit en plusieurs langues, cet avertissement marque la frontière où commence le territoire communiste. En 1961, à cause d'un trop grand exode de l'Est vers l'Ouest, la RDA (La République démocratique d'Allemagne) décide de construire une barrière en fer barbelé puis un long mur tout autour de Berlin-Est, plongeant cette partie de la ville dans un grand huis-clos qui durera près de vingt ans.

Le Musée du mur, créé peu après l'érection du rideau de fer, relate bien la vie de l'époque. Le témoignage de familles séparées et souvent la narration du désespoir vécu sont très émouvants. La soif de liberté immanente à chaque homme, on le voit à travers plusieurs exemples, a poussé plusieurs à tenter de fuir, tout en défiant l'autorité soviétique. En tout, 5000 personnes ont réussi à traverser. Des faux passeports, des déguisements, des avions fabriqués de manière artisanale, des voitures modifiées, des valises truquées, tous les moyens étaient bons pour traverser. Certains même, s'engageant dans un labeur de plusieurs mois, ont creusé des tunnels. Plus surprenant encore, certains témoignages relatent des cas où les principaux alliés des déserteurs de ce microcosme communisme étaient les soldats russes eux-mêmes. En effet, certains ont avoué qu'ils visaient mal, volontairement, afin de ne pas atteindre ceux qui s'enfuyaient. Des soldats russes, alors qu'ils poursuivaient des fuyards, ont même profité des tunnels pour passer eux-mêmes à l'Ouest. On fait état de 500 soldats de la RDA ayant déserté durant les vingt-huit années d'occupation.

Cependant, toutes les tentatives de fuite n'ont pas réussi. Plusieurs se sont conclues en tragédies. Des corps criblés de balles n'ont trouvé refuge que dans la mort. Pour la plupart, les Berlinois de l'Est ont vécu toutes ces années dans l'oppression, mais c'est le peuple de Berlin en entier, d'Est en Ouest, qui a subi les blessures de cette déchirure. De nombreux enfants, par le biais du dessin, ont d'ailleurs traduit la détresse et l'espérance d'une nation divisée. C'est l'émouvant témoignage d'une jeunesse innocente.

En 1989, les frontières s'ouvrent, le rideau de fer s'écroule. On le voit sur plusieurs photographies et vidéos, c'est la joie qui marque le terme à une longue lutte.

Aujourd'hui, tout semble déjà loin. Si ce n'est que la longue cicatrice qui marque et indique au sol l'emplacement de l'ancien mur, on croirait presque qu'il ne s'est rien passé. Cependant, il était là, ce mur, l'histoire peut aisément nous le rappeler. Et si ce n'est pas assez, il est possible de se procurer, avant de partir, un morceau de l'ancienne barrière de pierre. En plus de satisfaire un certain intérêt touristique, peut-être pourra-t-il aussi redire à notre mémoire le cadeau de la liberté.

1 commentaire:

  1. Bonjour Marilyne
    Ce matin du 16 juin, la chaîne TV5 mentionnait le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Voici en résumé ce qu'on en pensait:
    En direction de l’Oberbaumbrücke subsiste encore une portion de 1,3 kilomètre du Mur, une des plus longues de la ville. En 1990, 118 artistes venus d’une vingtaine de pays s’attaquent au Mur mais au pinceau et à la bombe… de peinture. Le résultat qui a fait la réputation de l’East Side Gallery fait aujourd’hui peine à voir. Taguées, re-taguées, graffitées, les œuvres sont devenues pratiquement invisibles. Il reste très peu de cette fameuse peinture présentant le baiser de Honecker et Khrouchtchev, de même pour celle de la Trabi transperçant le Mur. Mais le projet existe de restaurer, vingt ans après, ces peintures.
    Les Berlinois ne savent toujours pas vraiment quoi faire de cette construction honteuse : la conserver, voire la restaurer, pour la mémoire et pour l’indispensable tourisme ou la détruire pour tourner la page et laisser place à l’élan dynamique de la ville... Vingt ans après, le Mur n’a pas complètement disparu.

    Mur ou pas, je pense que les gens retiennent très peu les expériences passées et refont les mêmes bêtises.
    Je lis régulièrement les articles. Grâce aux photos et commentaires, je peux voyager et vivre un peu vos expériences.
    Que la suite du voyage se fasse dans la joie!
    Tati Céline

    RépondreSupprimer