vendredi 19 juin 2009

Le Musée du sexe







« Si tu vas à Amsterdam, il faut que tu ailles au Musée du sexe ». Voici l’un des précieux conseils q
ue la tante d’Audrey lui fit avant son départ pour l’Europe. Hier, après avoir perdu une partie de notre journée pour des questions administratives, nous avons décidé qu’il nous fallait quelque chose de léger afin de détendre l’atmosphère. Le Musée du sexe? Pourquoi pas…

Inusitée comme exposition...

Du moine, à la levrette en passant par le 69, rien ne nous est épargné. Des photos prises à toutes les époques nous dévoilent que, contrairement à plusieurs aspects de la société, la représentation du sexe n’est pas une chose qui change tellement, et les actes sexuels encore moins. Notre époque n’a rien inventé contrairement à ce que laisse entendre une idée répandue. L’homme en uniforme du 19e siècle adopte la même posture que celui des années 1980 dans son costume de cuir. Le fantasme humain de voir deux femmes dans leurs ébats amoureux perdure et ce, de l’invention de la photographie (peut-être même avant à en juger les petites statuettes des siècles précédents) à nos jours. L’accessibilité à la pornographie a changé, ainsi que les moyens technologiques (des machines dans lesquelles on insérait des piécettes pour voir défiler quelques photos sont en quelque sorte les ancêtres d’Internet dans les habitudes de consommation pornographique), mais la représentation s’est assez peu modifiée.

Au sujet de la photographie, l’exposition est plutôt basée sur la représentation du sexe que sur le sexe lui-même. C’est pourquoi, par exemple, un léger malaise s’installe quand on observe l’imagerie des années 1920-1930, à cause de la philosophie de cette époque, qui veut que les sujets demeurent sans expression, et fixent l’objectif. Il s’en dégage une froideur indescriptible, comme si le plaisir était absent et les sujets forcés. Mais la cascade photographique se poursuit dans les âges, et la seule imagerie représentative qui émerge est celle des canons de beauté à différentes époques : de la femme ronde, voire obèse du début du siècle à celle dont la maigreur épouse la protubérance de certaines courbes bien définies dans les années 80. Malgré tout, à travers tout cela, on n’insiste moins sur l’érotisme et la beauté que sur la pornographie. Tour à tour, à travers nos digressions dans les salles de cette exposition qui ne repose sur aucune structure logique (par thème ou par époque), nous nous retrouvons surpris, dégoûtés, hilares et, avouons-le, parfois troublés et quelque peu attisés devant ces photos, dirty movies de toutes époques et démonstrations de scènes sexuelles un peu kitch par des mannequins de plastique.

Tournant un coin, nous arrivons devant la représentation de Marylin Monroe grandeur nature, grande reine des pin-ups. C’est elle, l’archétype, le fantasme d’une époque. Le texte qui accompagne la scène (mannequin représentant Marilyne Monroe nue en train de se faire photographier) et les photos où elle apparaît dénudée n’a pour seule utilité que de nous informer sur la totalité des célèbres conquêtes sexuelles de la star.

Un peu plus loin, une Mata Hari de plastique nous attend. Elle est à la fois espionne et courtisane, pour ceux qui ne la connaîtraient pas. Elle constitue, elle aussi, un fantasme. À l’étage, on se fait avoir par les bancs, au milieu de deux gigantesques pénis: quelle fut notre surprise de nous y asseoir! (***note du correcteur : Une surprise! Et puis quoi encore! Les trois se sont tout naturellement dirigées vers ce banc encadré par deux phallus géants) En fait, ces bancs simulent la sodomie: la personne qui s’y assoit aura l’impression que quelqu’un, ou quelque chose, tente de transpercer le banc.

Vers la fin du parcours se trouve la salle d’Exposition « Marquis de Sade », avec à l’entrée la mise en garde d’usage « Si vous entrez, le musée n’est responsable d’aucune de vos réactions négatives ». À l’intérieur, toute une iconographie habituellement rattachée à Sade et à ses romans, et qui concerne les déviances sexuelles : photographies représentant de la zoophilie, sado-masochisme extrême et de multiples paraphilies (par exemple l’ondinisme, une excitation provoquée par l’urine)

L’exposition terminée, on se demande encore : « Est-ce que j’ai aimé cela ?». Très peu informatif, on a plutôt l’impression que ce musée, ce bombardement visuel, est fait pour créer des réactions, des émotions qui vont de l’éveil du désir au dédain en passant par l’humour. Nous aurions aimé en apprendre davantage sur l’évolution des pratiques sexuelles à travers les âges, et surtout l’évolution de l’acceptation sociale de ces pratiques. Autre constatation : si l’homosexualité féminine est largement représentée dans ce musée, il semble que l’homosexualité masculine fasse encore les frais d’une espèce de prohibition.

Finalement, le musée repose beaucoup sur l’image, mais très peu sur le texte. Une salle porte le nom du Marquis de Sade, mais aucun extrait de ses textes ne figure dans cette exposition. Il y a bien une section avec quelques extraits de poèmes, de quelques auteurs, mais rien qui ne puisse contenter un littéraire. Or, la littérature, avant la venue de l’image photographique, se chargeait d’une large part des représentations sexuelles, notamment dans ces « livres qu’on ne li[sait] que d’une main ». Même si elle est en marge des grands Musées traditionnels qui nous apprennent plein de choses, cette exposition demeure un bon divertissement. Donc, si jamais vous allez à Amsterdam, allez voir le Musée du sexe...






AUDREY, MARILYNE ET JOCELYN

1 commentaire:

  1. Sa dut être intéressant .... Mais je sais que moi j'aurais jamais pu garder mon sérieux et j'aurais été très dérangant...

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