mardi 16 juin 2009

Un musée pour l'impensable


























Yawhé dit un jour au grand patriarche Abraham : « Va, quitte ton pays, ta maison pour te rendre dans le pays que je t'indiquerai »(Gn 12, 1). Bien avant les grandes explorations, bien avant Jésus-Christ, le peuple juif s'aventurait déjà dans un grand périple. Plus tard, partant d'Égypte, ils marchèrent 40 ans dans le désert. Nabuchodonosor provoqua l'exil juive, en même temps, le peuple hébreux fut pointé du doigt par les premiers chrétiens; il était le principal responsable de la mort du Christ. L'empereur Constantin le persécuta aussi et des années après, les Croisades marchèrent dessus à travers leur cause sainte.

D'âge en âge, de siècle en siècle, d'épreuve en épreuve, d'exil en exil, le peuple juif continua d'avancer sans toutefois se douter de l'horreur qui l'attendait à l'aube de la Seconde Guerre mondiale.

Le Musée juif de Berlin, en plus de relater les principaux traits de la culture juive et les principaux détails de son histoire, consacre une grande partie de son exposition à l'Holocauste. Étonnamment, on ne tente pas ici de peindre une poignante description de l'abomination qui prenait place en Europe. On ne tente pas non plus de choquer le spectateur pas des images qui témoignent d'une atrocité sans nom. Non ! On donne ici simplement vie aux événements, on fait parler des objets, des photos : une machine à écrire, un portrait de famille, des lettres anciennes. Jaillit alors de tout cela quelque chose d'encore plus émouvant.

Dans ce lieu, les victimes de la Shoah reprennent leur nom et leur histoire propre. Des visages émergent de la foule. On redonne une dignité à ceux qu'on a confondus avec les bêtes, qu'on a fondu en une seule et même masse qui porta alors l'étiquette « Juif », étiquette devenue péjorative. Tous ces gens retrouvent leur identité, leurs rêves, leur famille. Ils prennent possession d'une existence si semblable à la nôtre; il aurait pu être mon frère, elle aurait pu être ma meilleure amie. Tout à coup, chacun semble devenir plus près de nous, chacun semble dévoiler une tranche d'humanité, la même que nous.

Plusieurs artistes ont fait hommage à tous ces hommes et ces femmes et ce, en rendant tangibles leurs sentiments d'abandon, de solitude et d'angoisse. L'un d'entre eux a réalisé La Tour de l'holocauste. Lorsqu'on entre dans ce lieu fermé, il fait froid, il fait noir. Seule une petite fente près du plafond de la tour laisse pénétrer un fin sillon de lumière. Cependant, le mur est si haut que ce point auxquels tous les yeux tentent inlassablement de s'accrocher demeure désespérément inatteignable. L'impuissance la plus complète envahit chaque parcelle de l'esprit. Au loin, on entend la rumeur d'une vie que nous ne pouvons vivre, l'écho d'une vie qui nous échappe. Dans un angle, l'espace rétrécit -la pièce a la forme d'un trapèze-, l'étau se resserre. Partout c'est l'impasse. Il n'y a aucun moyen de s'en sortir. C'est une longue et interminable attente vers un avenir qui ne vient pas.

Après six millions de vies sacrifiées, le peuple juif peine à se relever de cet assaut. Plus que jamais, il est éclaté dans le monde entier. Particulièrement à Tel aviv, ville près de la Jérusalem céleste, les ennuis ne sont pas terminés. Les Juifs doivent faire face à la guerre qui les oppose cette fois aux Palestiniens. Étrangement, ce peuple presque clandestin, toujours en exil et qui, de New York à Shangaï, est dispersé, se lève encore, porté par ses origines. C'est à croire que ses racines ne tiennent pas dans le sol d'une nation, mais prennent place dans la force et la fierté de l'étoile de David.

1 commentaire:

  1. Bon après-midi Marilyne !!!!

    Récemment, je suis allée visiter Yad Vashem, le mémorial de l'Holocauste, en Israël. Il est triste, désolent de constater par des photos... comment l'être humain peut devenir méchant..., lorsque son coeur est enterré au plus profond de lui-même parce qu'il a été grandement blessé. Toutes ces répercussions rejaillissent négativement à travers leurs sens et sur les personnes qui les entourent. Ce fut le cas de Juifs, de Catholiques...

    Près du Kibbout de Ramat Rachel, il y a trois hautes tours coiffées chacune d'un arbre. La signification: à travers ces cheminées de mort, la vie éclate et ces horreurs du passé ne se reproduisent plus.

    Bonne journée(pour nous mercredi 17 juin à 9:51) à vous tous et que la Paix vous accompagne.

    Maryse

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